© 2001 Bernard SUZANNE Dernière mise à jour le 22 janvier 2019
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En complément de la page qui liste les œuvres de Platon et ses principales éditions en français, cette page propose un certain nombre d'ouvrages, études sur Platon, commentaires de dialogues et textes de références d'auteurs classiques utiles à connaître pour une meilleure compréhension des dialogues.

Biographies de Platon

Autour de Platon : les classiques grecs

Pour resituer Platon dans son contexte et mieux le comprendre, il est important d'avoir une idée des auteurs et penseurs qu'il a pu lire et fréquenter, et de l'histoire du monde grec de son temps. La liste qui suit donne un échantillon d'ouvrages dont la lecture peut contribuer à fournir cet éclairage. Le texte grec de la plupart d'entre eux est disponible en ligne sur le site de perseus, avec une traduction en anglais, souvent reprise de la collection « Loeb Classical Library » (voir sur le site perseus, la liste des textes disponibles).

Homère

Tous les grecs cultivés du temps de Socrate et Platon apprenaient à lire dans les œuvres d'Homère, dont ils connaissaient par cœur de larges extraits. Par ailleurs, des raphsodes, comme celui que met en scène Platon dans l'Ion, se produisaient en public pour déclamer et sans doute mimer des passages de l'Iliade ou de l'Odyssée. C'est dire l'importance de la connaissance de ces textes fondateurs pour mieux comprendre Platon. Homère est de très loin l'auteur le plus cité dans les dialogues : sur les 296 citations recensées par L. Brandwood dans son « Word Index to Plato » dans les 28 dialogues que je liste dans mes tétralogies, 131 viennent d'Homère, dont 93 de l'Iliade et 38 de l'Odyssée (citations explicites, ou emplois d'expressions typiquement homériques) ; viennent ensuite, loin derrière, si l'on excepte Protagoras, dont la seule maxime sur l'« homme-mesure » est citée 19 fois, Hésiode et Euripide, avec chacun 16 citations, puis Pindare avec 13 citations et Eschyle avec 12 citations ; le reste s'éparpille sur une multitude d'auteurs connus ou inconnus dont seuls quelques uns sont cités plus d'une fois. A côté des citations explicites et des emplois d'expressions homériques, le nom d'Homère apparaît 164 fois dans les dialogues. L'ensemble des citations d'Homère et des références à son nom, dialogue par dialogue, est recensé sur une page de ce site accessible en cliquant ici.

Hésiode

Moins populaire et plus aride qu'Homère, Hésiode, poète béotien qui vécut à à fin du VIIIème et au début du VIIème siècle avant J. C., n'en est pas moins un autre pilier de l'éducation des grecs de l'époque classique. Sa Théogonie est une généalogie des dieux de la mythologie grecque à partir du chaos primordial.

Pindare

Pindare est un poète plus récent qui vécut à la fin du VIème et au début du Vème siècles avant J. C., c'est-à-dire environ un siècle avant Socrate et Platon. Béotien comme Hésiode, il était considéré par les anciens comme le maître de la poésie lyrique. Beaucoup de ses poèmes furent écrits pour des circonstances officielles, et en particulier pour célébrer des victoires dans les différents jeux panhelléniques, souvent à la demande des vainqueurs, qui le payaient pour cela. L'essentiel des œuvres de lui qui nous sont parvenues consiste en quatre cycles portant les noms des quatres jeux panhélléniques : Olympiques, Pythiques, Néméennes et Isthmiques.

Les poètes tragiques : Eschyle, Sophocle, Euripide

Eschyle, le premier auteur de tragédies, issu d'une famille noble d'Éleusis, vécut de 525 environ à 456 avant J. C. ; Sophocle, originaire de Colone, en Attique, vécut de 495 à 406 avant J. C. ; Euripide, naquit dans l'ile de Salamine en 480 avant J. C. et il mourut en 406, la même année que Sophocle. Nous ont été conservées d'Eschyle, 7 tragédies, dont une trilogie complète (Les Perses, Les Sept contre Thèbes, Les Suppliantes, la trilogie de l'Orestie : Agamemnon, Les Choéphores, Les Euménides, et Prométhée enchaîné) ; de Sophocle, 7 tragédies aussi (Ajax, Antigone, Les Trachidiennes, OEdipe-roi, Électre, Philoctète, OEdipe à Colone), plus des fragments d'une huitième (Les Limiers) ; d'Euripide, 19 tragédies plus des fragments de quelques autres (Alceste, Médée, Les Enfants d'Héraclès, Hippolyte, Andromaque, Hécube, Les Suppliantes, Électre, Les Troyennes, La Folie d'Héraclès, Iphigénie, en Tauride, Ion, Hélène, Les Phéniciennes, Oreste, Les Bacchantes, Iphigénie à Aulis, Rhésos, Le Cyclope).

La comédie : Aristophane

Aristophane, le plus grand poète comique grec, est né à Athènes en 445 avant J. C. et mort en 380. C'était un contemporain de Socrate, et Platon le mentionne dans L'Apologie et le met en scène dans Le Banquet. Aristophane, de son côté, a mis en scène Socrate dans sa comédie Les Nuées, où il en donne un portrait pour le moins différent de celui qu'en donne Platon dans ses dialogues. Il propose aussi, dans Les Guêpes, une caricature de la justice de son temps qui aide à imaginer ce que pouvaient être les juges au procès de Socrate. Les 11 comédies de lui qui nous sont parvenues (Les Acharniens, Les Cavaliers, Les Nuées, Les Guêpes, La Paix, Les Oiseaux, Lysistrata, Les Thesmosphories, Les Grenouilles, L'Assemblée des Femmes, Plutus) nous aident à nous faire une idée de al vie quotidienne au temps de Socrate.

Les historiens : Hérodote et Thucydide

Hérodote est né à Halicarnasse, en Asie Mineure, vers 480 avant J. C. est est mort en 425. Il est considéré comme le père de l'Histoire. Son Enquête, en 9 livres dénommés du nom des 9 muses, raconte les guerres médiques et prend prétexte de ces événements pour s'intéresser à bien d'autre chose du passé pour tenter d'expliquer ces guerres et les resituer dans leur contexte. Thucydide, issu d'une famille noble d'Athènes, vécut au Vème siècle avant J. C. et participa à la guerre du Péloponnèse, entre Athènes et Sparte, qui fit rage de 431 à 404 avant J. C., et qu'il raconte dans son Histoire (jusque vers 411).

Les philosophes présocratiques et les sophistes

Il est usuel d'appeler « présocratiques » les philosophes antérieurs à Socrate et leurs « élèves », mêmes contemporains de Socrate, voire postérieurs : les sept sages, dont Thalès, Pythagore et les pythagoriciens, Héraclite, Parménide et les Éléens, Empédocle, Anaxagore, Démocrite et quelques autres. Quand aux sophistes, tels Protagoras, Gorgias, Prodicos, Hippias, ce sont des contemporains de Socrate que Platon a mis en scène dans plusieurs dialogues, dont certains portent le nom de l'un ou de l'autre d'entre eux. Il ne nous reste que des fragments des œuvres de tous ces penseurs. Ces fragments ont été édités Herman Diels en Allemagne dans un ouvrage de référence appelé Fragmente der Vorsokratiker, en 1903, et réédités depuis et améliorés par W. Kranz. Une traduction en français de ces fragments, due à Jean-Paul Dumont, a été publiée en 1988 dans la bibliothèque de la Pléiade, sous le titre Les Présocratiques. Une sélection de ces textes est disponible en collection de poche chez Folio sous le titre Les écoles présocratiques.

On trouve aussi une sélection de fragments de tous ces auteurs dans le volume : Les penseurs grecs avant Socrate, de Thalès de Milet à Prodicos, traduction, introduction et notes de Jean Voilquin, GF31, Flammarion, Paris, 1964

Il existe aussi des éditions individuelles des fragments de tel ou tel auteur. On peut citer :

Certains de ces textes sont disponibles en ligne sur le site Philoctetes, avec le texte grec des fragments traduits et des traductions en anglais et en français  :

Les orateurs : Lysias, Isocrate, etc.

La frontière entre sophistes et orateurs n'est pas toujours très claire, dans la mesure où la plupart des sophistes se faisaient payer très cher pour apprendre à leurs élèves à bien parler à l'assemblée et à savoir se défendre au trbunal. Les auteurs dont il est ici question sont de ceux dont nous possédons des discours politiques et des plaidoyers, souvent écrits pour le bénéfice de clients qui les payaient pour cela, parfois écrits pour leur propre défense. A Athènes, en effet, l'inculpé devait plaider lui-même sa cause devant le tribunal, mais il pouvait faire appel à ce que l'on appelait un « logographe » (étymologiquement, un « rédacteur de discours ») pour lui écrire sa défense.

Lysias, l'un des fils de Céphale, marchand d'armes syracusain installé au Pyrée à la demande de Périclès, fut un démocrate engagé, qui faillit mourir avec son frère Polémarque lors de la tyrannie des Trente et ne dut son salut qu'à sa fuite, comme il le raconte lui-même dans le discours Contre Ératosthène (discours 12). Platon en fait un personnage muet dans la République, qui se passe chez son père Céphale et avec la participation active de son frère Polémarque, et le parodie dans le Phèdre, qui commence par la lecture d'un discours supposé être de lui. Les discours qu'il nous a laissé vont de l'Oraison funèbre (discours 2, qu'il est intéressant de comparer au Ménéxène de Platon, qui est une parodie de ce genre de discours) à des plaidoyers pour des affaires de la vie de tous les jours, qui nous donnent un aperçu très vivant de la vie quotidienne à Athènes au temps de Socrate et Platon. Ainsi, par exemple, Le discours Sur le meurtre d'Ératosthène (discours 1) est un plaidoyer pour la défense d'un mari ayant tué l'amant de sa femme surpris en flagrant-délit d'adultère, qui vaut tous les romans sur un tel sujet et montre que les choses n'ont guère changé depuis ce temps lointain en matières d'amour.

Isocrate, qui est mentionné à la fin du Phèdre, est presque contemporain de Platon, et tint à Athènes une école concurrente de l'Académie de Platon, dont l'enseignement était plus centré sur la rhétorique. Certains de ses discours montrent qu'il assimilait plus ou moins la « philosophie » qu'enseignait Platon (qu'il ne nomme pas explicitement) à de la sophistique. Vers la fin de sa vie, il écrivit des discours qui étaient plutôt des « lettres ouvertes », pour prendre position sur les grands problèmes de son temps et en particulier sur la position que devait prendre Athènes face à Philippe de Macédoine, dont la puissance grandissante inquiétait les Grecs.

Les discours d'Andocide sont intéressants, car ils consituent l'une des seules sources, avec quelques sections de l'Histoire de Thucydide, de notre connaissance de l'affaire de la parodie des mystères d'Éleusis et de celle de la mutilation des Hermès, dans lesquelles fut compromis Alcibiade juste au moment où il devait prendre, avec Nicias, la tête de l'expédition de Sicile, qu'il avait convaincu les Athéniens d'entreprendre. Et Alcibiade est le personnage qui, après Socrate, apparaît le plus souvent dans les dialogues.

La médecine : l'école Hippocratique

L'approche « scientifique » (pour l'époque) de la médecine qui se développa en particulier chez les Asclépiades, dont le plus célèbre représentant est Hippocrate de Cos (460-vers 370 avant J. C.), contemporain de Socrate, influenca Platon, qui utilise souvent l'exemple de la médecine dans ses dialogues et mentionne plusieurs fois Hippocrate lui-même (Protagoas, Phèdre). Un corpus important d'ouvrages attribués à Hippocrate est parvenu jusqu'à nous, mais il est probable que tous ces écrits ne sont pas de lui. La lecture de quelques uns de ces ouvrages est intéressante pour se faire une idée de ce qu'était cette médecine dont parlait si souvent Platon.

Une sélection d'écrits d'Hippocrate traduits par Émile Littré a été récemment publiée dans la Bibliothèque Classique du Livre de Poche, et une autre au Seuil :

La collection Hippocratique, texte grec et traduction en français, est publiée en plusieurs volumes dans la collection Budé.

Les mathématiques

Les mathématiques, et en particulier la géométrie, ont fait d'importants progrès du temps de Socrate et Platon, en partie d'ailleurs grâce aux activités de Platon lui-même et de ses collègues à l'Académie, dont Eudoxe de Cnide, dont les œuvres, aujourd'hui perdues, ont sans doute inspiré plusieurs chapitres des Éléments d'Euclide. La majeure partie des œuvres de ces mathématiciens est aujourd'hui perdue et ne nous est connue que par les références qui y sont faites par les auteurs postérieurs. Certaines de ces références sont regroupées, en texte grec avec une traduction en anglais, dans le volume suivant de la collection Loeb:

Xénophon

Xénophon est un contemporain de Platon qui fréquenta aussi Socrate dans sa jeunesse, avant de partir en Asie Mineure avec l'expédition des Dix-Mille, qu'il raconte dans son Anabase (expédition où il cotoya Ménon, que Platon met en scène dans le dialogue qui porte son nom). Xénophon écrivit plusieurs ouvrages mettant en scène Socrate : les Mémorables, ainsi que l'Économique, qui leur fait suite, et, comme Platon, un Banquet et une Apologie de Socrate. Il a aussi composé une suite à l'histoire de Thucydide, appelée les Hélléniques.

Aristote

Aristote est le plus célèbre des élèves de Platon. La lecture de ses critiques de ce qu'il dit être les opinions de Platon, ou de ceux qu'il appelle les platoniciens, est intéressante, pourvu que l'on ne prenne pas pour argent comptant tout ce qu'il attribue à d'autres, Platon compris. Car, au contraire de Platon, qui était maître en l'art de critiquer les opinions des autres de l'intérieur et dans leur (in)cohérence propre, Aristote a la fâcheuse tendance à tout ramener à son propre système, et à vouloir critiquer les autres comme s'ils n'étaient que des précurseur de sa vérité, qu'ils n'avaient bien entendu pas encore maîtrisée. Je suis convaincu que plusieurs dialogues critiquent sans le dire des opinions qu'Aristote attribue justement à Platon, à commencer par le Parménide, où le choix d'un personnage (historique, et futur tyran) homonyme d'Aristote pour servir de pâle interlocuteur à Parménide dans son « jeu laborieux » est loin d'être une simple coïncidence !... Aristote, issu d'une famille de médecins, n'a pas su suivre Platon hors de la caverne et jusqu'au sommet de la colline (voir l'allégorie de la caverne), mais surtout, il n'a pas compris ce que Platon avait compris et qui l'a poussé à écrire des dialogues plutôt que des traités dogmatiques, à savoir, qu'il est plus important d'aider les lecteurs à se poser les bonnes questions et de les faire penser par eux-mêmes pour arriver à leurs propres réponses, sur des questions où il est impossible de « démontrer » scientifiquement quoi que ce soit, que de leur servir des réponses toutes faites et des « démonstrations » qui n'en sont pas... Ceci étant, pour une première approche, on pourra lire avec profit la Métaphysique, pour voir ce qu'Aristote y dit des « idées », l'Éthique à Nicomaque, pour avoir une idée du point de vue d'Aristote sur les questions d'éthique, sa Politique, pour son approche de la politique, et son De anima, pour y trouver les fondements de sa psychologie.

Les personnages des dialogues de Platon

Un ouvrage particulièrement intéressant pour l'étude des dialogues de Platon, malheureusement (pour les français) disponible en anglais seulement, est The People of Plato, A Prosopography of Plato and Other Socratics, by Debra Nails, Hackett, Indianapolis/Cambridge, 2002, dans lequel on trouve toutes les informations biographiques et autres connues sur tous les personnages mentionnés dans les dialogues, avec les sources et une discussion critique de celles-ci, plus diverses autres informations sur la Grèce et l'Athènes du temps de Platon.

Commentaires des dialogues de Platon

Comme l'a dit A. N. Whitehead, « La plus sûre description d'ensemble de la tradition philosophique européenne est qu'elle consiste en une série d'annotations à Platon » (A. N. Whitehead, Process and Reality, 1929). Dans ces conditions, on n'est jamais loin de Platon lorsqu'on lit les œuvres d'un philosophe, quel qu'il soit. Si l'on se souvient de plus que Platon, à mon avis, n'a pas écrit ses dialogues pour nous dire ce que lui pensait, mais pour nous faire penser, il est plus important de lire ses dialogues et de se laisser interroger par eux que de lire les commentaires de ceux qui prétendent nous expliquer ses réponses, qu'il s'est justement bien gardé de nous donner !

Ceci étant, on peut vouloir confronter sa propre compréhension (ou incompréhension) des dialogues à celles d'autres penseurs. Mais alors, il ne faut pas se limiter aux commentateurs récents. Les « commentaires » de Platon commencent avec Aristote et se poursuivent tout au long de la tradition philosophique occidentale. Il ne nous reste que des fragments des philosophes de l'ancienne et de la nouvelle Académie, les successeurs de Platon à la tête de l'école qu'il avait fondée. Mais on peut vouloir lire certains ouvrages de Cicéron (comme sa République, inspirée de celle de Platon, dont il traduisit certains dialogues en latin), ou des Stoïciens, d'Épicure et de son école, des Cyniques ou des Sceptiques, qui, tous, considèrent Socrate comme le modèle du sage, chacun le tirant à lui, à partir des images qu'en avaient donné ses « compagnons », dont Platon. On est mieux servi sur la tradition Néoplatonnicienne, commencée avec Plotin, dont les Énnéades nous ont été conservées en entier. Mais ce sont aussi les premiers pères de l'Église qui ont été influencés par Platon, Justin (le premier sans doute à tenter de concilier la philosophie grecque, et surtout celle de Platon, avec la théologie chrétienne naissante), Eusèbe de Césarée (dans les ouvrages qu'il écrit pour convertir les élites en prenant appui sur la culture profane de son temps, toute pétrie de philosophie grecque), Origène (qui fut condamné pour avoir trop voulu « rationnaliser » la théologie chrétienne à la lumière de Platon), et bien d'autres. Et c'est en faisant un détour par le platonisme de Plotin que Saint Augustin revint du manichéisme au christiannisme (on pourra lire sur ce point les pages qu'il écrit à ce propos dans ses Confessions). il faudrait encore parler des philosophes arabes, qui commentaient les ouvrages de Platon à côté de ceux d'Aristote à une époque où la plupart de ceux-ci étaient ignorés de l'Occident chrétien, puis de la redécouverte de Platon à la Renaissance. Plus près de nous, on peut penser à Nietzsche et à ses démêlés avec Socrate et Platon, ou a Heiddeger, qui a traduit et commenté certains textes de Platon. Et même chez les philosophes qui ne le nomment pas explicitement, il est intéressant de voir comment ils sont influencés par les problèmes qu'il a posé.

Bref, une bibliographie des commentaires de Platon qui ont subi l'épreuve du temps et nous confronteraient à de grands penseurs reviendrait à une liste des ouvrages de philosophie disponibles dans toutes les bonnes bibliothèques !... C'est pourquoi je laisse ici à chacun le soin de faire son choix selon ses goûts.

Si je devais néanmoins choisir un ouvrage récent en guise d'introduction aux dialogues, je mentionnerais l'ouvrage de Létitia Mouze, Platon, une philosophie de l'éducation, publié dans la collection Aimer les philosophes aux éditions Ellipses, Paris, 2016. Létitia Mouze est, de tous les commentateurs de Platon que j'ai lus, celle dont les idées sur Platon se rapprochent le plus des miennes. Elle a aussi publié une version remaniée de sa thèse de doctorat sous le titre Le législateur et le poète - Une interprétation des Lois de Platon, aux Presses Universitaires du Septentrion, Villeneuve d'Ascq, 2005, fort intéressante et qui se penche en particulier sur les différences de point de vue entre la République et les Lois, ainsi qu'une traduction du Phèdre (Les classiques de la philosophie, Le Livre de Poche n° 4649, LGF, Paris, 2007) et une du Sophiste (Les classiques de la philosophie, Le Livre de Poche n° 35238, LGF, Paris, 2019).

le Platon de Monique Dixsaut, Vrin, Paris, 2003, qui était mon premier choix dans une précédente version de cette page et reste intéressant, n'est pas une biographie de Platon, mais un commentaire des dialogues structuré non par la chronologie supposée de ceux-ci, mais par un plan d'étude thématique qui parcourt successivement les questions suivantes : Écrire des dialogues, Parler dans une langue, Savoir, Essences et formes, L'un et le multiple, L'âme, La cité et le monde, Le bien. Je ne suis pas en accord avec tout ce qu'écrit Monique Dixsaut, qui accorde encore trop d'importance à mon goût aux problèmes de l'être, mais cet ouvrage, sous réserve qu'il ne soit pas vu comme un substitut à la lecture des dialogues eux-mêmes, met bien en évidence la plupart des problèmes posés par Platon dans ceux-ci, bien que dans un ordre qui n'est pas celui que je crois que Platon avait adopté en structurant ses dialogues (du même auteur, on pourra aussi lire Le naturel philosophe, essai sur les dialogues de Platon, Vrin - Les Belles Lettres, Paris, 1985 ; Platon et la question de la pensée, Vrin, Paris, 2000 ; Métamorphoses de la dialectique dans les dialogues de Platon, Vrin, Paris, 2001 ; Monique Dixsaut a aussi traduit le Phédon dans la nouvelle édition des dialogues chez GF Flammarion).

On pourra aussi lire avec profit l'ouvrage collectif Lire Platon, réalisé sous la direction de Luc Brisson et Francesco Fronterotta et publié dans la collection Quadrige par les Presses Universitaires de France (PUF), Paris, 2006. Cet ouvrage regroupe de courts chapitres écrits par des spécialistes de plusieurs pays et regroupés sous les thèmes suivants : Prédécesseurs et contextes historiques (4 chapitres), La philosophie, les discours et les savoirs (4 chapitres), Le sensible et l'intelligible (3 chapitres), Le corps et l'âme (3 chapitres), Gouvernement de soi et gouvernement de la cité (4 chapitres), La postérité (1 chapitre). Là encore, je ne suis pas toujours d'accord avec les présupposés et les conclusions de tel ou tel des auteurs, qui restent tous dans le cadre de l'hypothèse de dialogues autonomes écrits tout au long de la vie de Platon et classés en trois groupes (jeunesse, maturité, vieillesse), mais il n'en reste pas moins que cet ouvrage balaye de manière assez complète les divers problèmes posés par les dialogues et met bien en évidence les questions qu'ils posent aujourd'hui aux spécialistes, même si les réponses proposées ne sont pas toujours celles qui ont ma faveur.

Liens vers d'autres bibliographies

On trouvera en ligne sur le site du CNRS, une bibliographie complète des publications sur Platon à partir de 1992, due à Luc Brisson, qui prend la suite de celles publiées par la revue Lustrum : numéros 4-5 (Platon 1950-1957), 20 (Platon 1958-1975), 25 (Platon 1975-1980), 30 (Platon 1980-1985), et numéro sur Platon 1985-1990, et de celle que Luc Brisson a publiée pour les années 1990-95 chez Vrin, Paris, 2000.

Une version anglaise de cette bibliographie est disponible dans la partie en anglais de ce site.


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Première publication le 18 novembre 2001 - Dernière mise à jour le 22 janvier 2019
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