© 2009 Bernard SUZANNE | Dernière mise à jour le 21 juin 2015 |
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L'édition des œuvres complètes de Platon publiée à Genève en 1578 par l'imprimeur Henri Estienne (1528-1598), Stephanus en latin, qui était aussi un célèbre humaniste de l'époque et qui avait assuré lui-même l'établissement du texte grec de Platon qu'il proposait, n'était pas la première édition imprimée des dialogues de Platon. Elle avait été précédée par celle d'Alde Manuce (1449-1515), publiée à Venise en 1513 en deux volumes, puis par celle publiée en 1534 à Bâle par Valder, avec l'aide de Simon Grynaeus et Jean Oporin. Si elle mérite une attention particulière, c'est parce qu'elle devint pour plusieurs siècle l'édition de référence et que c'est elle qui sert de base encore aujourd'hui au système universellement employé pour citer Platon. Elle comprenait, en trois volumes, l'ensemble des écrits attribués alors à Platon, soit 42 titres, répartis comme suit (en cliquant sur le numéro du volume dans la liste qui suit, vous pouvez accéder à une version numérisée de ce volume) :
On y trouvait, distribué sur deux colonnes sur chaque page, le texte grec édité par Henri Estienne lui-même et une traduction en latin due à Jean de Serre (Serranus en latin)
La photo ci-dessous reproduit la page de couverture de cette édition.
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La photo ci-dessous reproduit la page de titre du second volume de cette édition.
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Les photos qui suivent reproduisent les pages 514 à 518 du second volume, qui contiennent le début du livre VII, c'est-à-dire l'allégorie de la caverne. On y voit que le texte grec est dans la colonne de gauche sur les pages impaires et dans la colonne de droite sur les pages paires, c'est-à-dire toujours sur la colonne intérieure, la plus proche de la reliure : c'est lui qui consitue le corps de l'ouvrage et il se lit en continuité d'une page à l'autre. La traduction latine l'enveloppe à l'extérieur, elle-même complétée par des notes marginales. On remarquera sur chaque page, entre la colonne du texte grec et celle du texte latin, les lettres A, B, C, D et E disposées à intervalles réguliers, toutes les dix lignes environ du texte grec (l'espacement des lignes n'est pas le même pour le texte grec et pour la traduction latine, plus resserrée), en commençant par A à la première ligne de la page, divisant la page en cinq « sections » d'une dizaine de lignes du texte grec chacune ; mais on verra que les lettres ne tombent pas toujours rigoureusement en face d'une ligne du grec et que l'espacement n'est pas toujours rigoureusement de dix lignes, ainsi par exemple, le E de la page 515 tombe entre deux lignes du texte grec, la section D de cette page compte 11 lignes et la section E n'en compte que 8. On observera aussi que, pour fournir sur la même page que le grec traduit la traduction en latin, non seulement l'espacement des lignes du texte latin est plus resserré, comme je l'ai déjà dit, mais de plus, sur certaines pages, le texte latin continue sur toute la largeur des deux colonnes après la fin du texte grec de la page, ce qui réduit le nombre de lignes de texte grec dans la section E, qui peut être réduit à presque rien (par exemple, 2 lignes seulement en page 517). On trouve en outre des notes complémentaires numérotées à la fin de chaque dialogue ou livre (dans le cas de la République et des Lois, dont chaque livre est appelé « dialogue » par Henri Estienne, comme on peut le voir sur la page 514, qui annonce le Politeiôn dialogos hebdomos, c'est-à-dire le « dialogue septième de la République »), qui peuvent occuper plusieurs pages ou parties de pages, si bien que le dialogue ou livre suivant ne commence pas nécessairement en haut d'une page et peut donc avoir un nombre réduit de sections, n'allant pas jusqu'à la section E. C'est ce qu'on voit sur la page 514, dont le haut est occupé par la fin des notes relatives au « dialogue » précédent, ici le livre VI de la République. En outre, la section A de la première page d'un dialogue, bien que faisant dix lignes, contient moins de texte grec que les sections normales de dix lignes, du fait de la place prise par la lettrine ouvragée qui commence le dialogue. Enfin, comme on peut s'en douter, bien qu'on n'en ait pas d'exemple ici, la fin d'un dialogue ou d'un livre ne tombe pas toujours en bas d'une page, si bien que, là encore, la dernière page n'a pas, le plus souvent, les cinq sections A à E.
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Ces observations ont leur importance, car, comme je l'ai dit au début de cette page, c'est cette édition qui sert encore aujourd'hui de base au système universellement utilisé pour citer Platon, qui utilise le numéro de page, suivi de la lettre identifiant la section dans la page et du numéro de ligne à partir de cette lettre. Elles permettent de comprendre les particularités de cette numérotation (discontinuités dans la numérotation des pages entre livres d'un même dialogue et entre dialogues, absence de certaines lettres sur certaines pages, nombre de lignes variable d'une section à l'autre, etc.) On trouvera une explication détaillée de ce mode de citation, ainsi qu'une description plus fine du contenu de chaque volume, avec les numéros de page de début et de fin de chaque dialogue ou livre (pour la République et les Lois), dans la page de ce site qui répond à la question 7 de la foire aux questions, « Citer Platon ».